De retour pour le rendez-vous du dimanche créé par Ma Lecturothèque !
Le but est simple : il s'agit de vous partager les premières lignes d'un livre !
Ce dimanche, je vous présente un roman de la rentrée littéraire, que j'ai l'occasion de lire en ce moment même, pour participer aux #MRL17 de price minister !
La chronique est pour cette semaine si tout se passe bien. On se donne rendez-vous là-bas !
1
Un pas. Une pierre. Un chemin de poussière. Un printemps qui bourgeonne. Au fond bruit un torrent.
Des bruits. Mille pas. Tous aussi mal cadencés.
"Il y aura bien une halte, plus tard, pense-t-il. Cette longue marche forcée s'arrêtera un jour."
Aimé sent la brise, infime et infiniment douce. Il se gonfle, écarte les bras, incline ses paumes comme des voiles pour capter le moindre souffle, sa misaine, sa trinquette. Il dodeline de la tête et décolle cette veste aux fibres cartonneuses, gavées de saisons froides et sèches.
Il sait qu'ils sont des milliers comme lui à arpenter les routes des territoires de l'Est. Des cohortes de guenilles maculées de mois de crasse, tiraillées par le manque. La faim, la soif, les proches, l'avenir. Des cadavres en mouvement. Survivants, comme lui. Il en reste. Ils sont là. Ils marchant en colonnes ordonnées. Aimé baisse la tête. Il profite des minces silhouettes qui lui font un peu d'ombre. Il ferme les paupières un instant pour chasser ces gouttes acides qui lui piquent les yeux. Se reprend. Pas le choix. Pas le temps. Pas le droit de se laisser aller. S'il ferme les yeux trop longtemps, il risque de faire un pas de côté et de sortir du rang. Il a retenu la leçon. Pour suvivre, il faut s'oublier. Oublier l'épuisement. Oublier les blessures. Oublier ce creux au vide. Oublier ses besoins et les odeurs d'urine et de merde qui leur collent à la peau parce qu'ils n'ont pas d'autre choix que de se chier dessus, sans perdre la cadence.
Des bruits. Mille pas. Tous aussi mal cadencés.
"Il y aura bien une halte, plus tard, pense-t-il. Cette longue marche forcée s'arrêtera un jour."
Aimé sent la brise, infime et infiniment douce. Il se gonfle, écarte les bras, incline ses paumes comme des voiles pour capter le moindre souffle, sa misaine, sa trinquette. Il dodeline de la tête et décolle cette veste aux fibres cartonneuses, gavées de saisons froides et sèches.
Il sait qu'ils sont des milliers comme lui à arpenter les routes des territoires de l'Est. Des cohortes de guenilles maculées de mois de crasse, tiraillées par le manque. La faim, la soif, les proches, l'avenir. Des cadavres en mouvement. Survivants, comme lui. Il en reste. Ils sont là. Ils marchant en colonnes ordonnées. Aimé baisse la tête. Il profite des minces silhouettes qui lui font un peu d'ombre. Il ferme les paupières un instant pour chasser ces gouttes acides qui lui piquent les yeux. Se reprend. Pas le choix. Pas le temps. Pas le droit de se laisser aller. S'il ferme les yeux trop longtemps, il risque de faire un pas de côté et de sortir du rang. Il a retenu la leçon. Pour suvivre, il faut s'oublier. Oublier l'épuisement. Oublier les blessures. Oublier ce creux au vide. Oublier ses besoins et les odeurs d'urine et de merde qui leur collent à la peau parce qu'ils n'ont pas d'autre choix que de se chier dessus, sans perdre la cadence.
En espérant vous avoir donné envie de vous plonger dedans. ☆
© Solène
Les premières lignes donnent envie de découvrir le titre ♥ Je vais le noter dans mon IPOD pour ne pas l'oublier ^^
RépondreSupprimerSi jamais je peux donner envie, c'est toujours un plaisir ! Je ne sais pas si tu avais vu, mais j'avais aussi publié mon avis sur ce roman :D
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